Dans les profondeurs de la mine

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©Calmann-Lévy
(cliquez sur l'image pour voir la couverture en entier)



Titre : La galerie des jalousies T.1
Auteur : Marie-Bernadette Dupuy
Édition : Calmann-Lévy
Nombre de pages : 608 pages
Parution : Septembre 2017
ISBN : 9782702160176



 

 Résumé de l'éditeur : 

1920. Sur le site minier de Faymoreau en Vendée, un coup de grisou a provoqué l’effondrement d’une galerie. Apprenant la tragédie, Isaure Millet, la fille des métayers du château, s’est précipitée sur les lieux. Thomas Marot, l’homme qu’elle aime depuis toujours, fait partie des mineurs pris au piège. Les secours s’activent. Thomas est sauvé mais le soulagement d’Isaure est de courte durée : le jeune homme est déjà fiancé à une ouvrière polonaise. Comment pourra-t-elle se résoudre à renoncer à lui ? Les suites de la catastrophe prennent une tournure inattendue: l’une des victimes retrouvées sans vie au fond de la mine a, en fait, été assassinée d’une balle dans le dos… L’enquête bute sur le mutisme des témoins. La belle Isaure, qui lutte pour dissimuler les sentiments qu’elle voue à Thomas, en sait-elle plus qu’elle ne prétend ? Quel secret cache la petite communauté de gueules noires ?

Mon avis :

Début septembre, Calmann-Lévy m'a proposé de découvrir sa nouvelle trilogie, une réédition de cette série, La galerie des jalousies, de Marie-Bernadette Dupuy. Bien que cette auteure semble très connue pour certains, moi... je n'en avais jamais entendu parler. Mais j'ai quand même dit oui, parce que je suis curieuse et que le thème de ce récit m'intriguait.

La mine, le charbon, les gueules noires... Ce sont des choses qui me sont assez familières car je suis née et j'ai grandi dans une région minière. Bien sûr, l'exploitation était terminée à ma naissance, mais cela laisse des traces, des souvenirs, des histoires. Alors je me sentais proche de ce roman. Pourtant... je n'ai pas du tout été sensible à l'histoire au départ. Bien que je connaisse un peu le sujet, j'ai été perdue dès les premières pages. On est directement plongé dans le récit sans vraiment connaître ni les lieux, ni les personnages, ce qui est assez déstabilisant. Toutes les informations nous sont fournies d'un seul coup et il est difficile de tout assimiler.

Cependant, une fois les premiers chapitres passés, j'ai été emportée par le récit. Pour vous expliquer rapidement l'histoire, le village minier de Faymoreau a subi un coup de grisou, une catastrophe qui vient secouer tous les habitants. D'autant plus que, parmi les victimes des éboulements, on découvre que l'un des miniers a été assassiné d'une balle dans le dos. Surprise, horreur, qui donc a-pu tirer sur ce brave Boucard ? Un assassin court-il dans le village ? À cela s'ajoute le retour de la belle Isaure, jeune fille partie étudier à La Roche-sur-Yon dans le but de devenir institutrice, qui vient semer la zizanie chez la famille Marot. Amoureuse depuis des années de l'aîné des garçons, Thomas, elle se sent prête à tout pour intégrer cette famille et vivre des jours paisibles au côté de son amour de toujours. C'était sans compter la fiancée de Thomas, Jolenta, des restrictions de son père, de la colère de sa marraine la comtesse Madame de Régnier, ou encore du triste destin d'Anne, la cadette de la famille Marot.

En soi, je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sur l'histoire sans vous en dévoiler l'intrigue. Le récit est assez plaisant, l’enquête assez bien ficelée et j'ai plutôt bien aimé suivre le quotidien des habitants de Faymoreau, mais ne vous attendez pas à d'incroyables rebondissements dans ce roman.

Par contre, j'aimerais faire un point sur le personnage d'Isaure. Je pense que j'ai rarement lu un livre où un personnage évolue autant au fil des pages et de façon aussi bien travaillée. La jeune fille ne change pas du jour au lendemain. Non, au contraire, elle expérimente des événements plus ou moins difficiles, elle se retrouve confronter à des dilemmes, à des enjeux importants qui vont marquer plusieurs tournants dans sa vie. Elle passe véritablement de petite fille capricieuse à femme autonome et indépendante. Du départ, elle n'était déjà pas très appréciée des habitants de Faymoreau, ceux-ci la trouvant trop lunatique, étrange et impulsive. Cependant, bien qu'elle n'ait pas grandi dans une famille aimante, elle a reçu une bonne éducation grâce à sa marraine, ce qui fait d'elle une jeune fille intelligente et instruite, capable de penser par elle-même et de faire ses propres choix. Le problème, c'est qu'au début du siècle dernier, la femme était encore vue comme femme au foyer qui ne peut pas s'accomplir sans l'aval de son père ou son mari. Mais Isaure ne voit pas les choses de ce point de vue là. Elle est curieuse, elle veut voyager, apprendre, découvrir le monde qui l'entoure, savoir ce que c'est d'être une vraie femme et non pas la fille de ou l'épouse de. À la fin de ce premier tome, il y a un changement radical dans sa façon de penser et de voir les choses.  Elle ne vit plus pour les autres, mais pour elle. Elle s'émancipe complètement de sa famille, du regard des autres, de la religion. Elle devient une femme à part entière.

Les autres personnages sont aussi intéressants à étudier. Si Isaure voue presque un culte à Thomas Marot, pour moi il n'en n'est rien. Certes, il est le seul à vraiment accepter Isaure telle qu'elle est et à l'encourager dans ses choix, mais quelque chose m'a gêné. Je pense qu'il ne voit que ce qu'il a envie de voir. De manière générale, la famille Marot, bien que très attachante et d'une gentillesse profonde, à une vision assez réduite de la vie et de la façon dont elle doit être menée.

Autre personnage assez récurent, celui de Justin Devers, l'inspecteur de police qui enquête sur l'accident de la mine. Un peu agaçant au départ, j'ai fini par bien apprécier sa répartie et son sarcasme. Par ailleurs, il va beaucoup aider Isaure dans son émancipation, notamment parce que lui, parisien, a une tout autre vision de la femme, et qu'il la voit bien plus qu'en tant que simple institutrice ou mère au foyer.

Honnêtement, je pourrais vous parler de tout un tas d'autres personnages qui ont leur intérêt dans cette histoire, mais cela serait trop vous en dévoiler. Mais c'est ce que j'ai aimé dans le style de Marie-Bernadette Dupuy : d'un style clair et fluide, elle arrive à nous emporter au cœur de chaque foyer pour y découvrir les secrets les plus enfouis. C'est le genre d'histoire où tout est minutieusement travaillé et où chaque détail compte.

Je suis curieuse de voir ce que les prochains tomes me réservent, étant donné que l'enquête, qui prend une majeure partie du roman, est résolue dans les dernières pages. Mais une chose est sûre, c'est que j'ai vraiment hâte de continuer à suivre Isaure dans son émancipation !

Pauline, fondatrice de Mangeons les livres

J'ai lancé ce blog en 2015 afin d'échanger avec vous sur mes lectures, mais aussi pour garder une trace de toutes ces histoires qui me passent entre les mains. J'aime me nourrir de livres, et si vous aussi, alors mangeons les livres ensemble ! Si vous souhaitez me contacter, vous pouvez m'envoyer un email à mangeonsleslivres@gmail.com, et/ou me rejoindre sur mes réseaux sociaux.

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